Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/140

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— En effet, elle ne me connaît pas… Crois-tu vraiment que ce soit sa sœur ? interrogea-t-elle, l’œil égaré.

— Je le parierais, répliqua Tranet qui pataugeait de bon cœur dans la ténébreuse aventure.

— Mon père, j’ai peur.

— Tu n’as pas fauté ; alors, quoi ?

— Oh ! je ne me reproche rien, seulement, j’ai peur…

Ils se dirigèrent vers le palais de justice et remontèrent la rue.

Maman Bartau donnait la pâtée à ses poules, derrière le vieux mûrier, quand ils firent irruption sous la voûte.

— Il y a du nouveau, dit Tranet d’un air important.

— Du nouveau, dans le magasin ?

— Oui, une dame très chic que nous vous avons envoyée, Louise…

La jeune femme, toute tremblante, lui pinça le coude.

— Je ne la connais pas, dit-elle en baissant les paupières.

— Une inconnue, reprit Tranet, elle nous a demandé son chemin, et nous venons de la voir dans le vitrage causant avec le petit.

Louise n’eut pas la force d’attendre dans la cour le résultat de cette visite extraordinaire. Elle se retira chez elle, tandis que maman Bartau, de son pas de gendarme, se rendait au magasin. La dame en noir était là, debout devant Louis qui remuait des morceaux de chêne et lui expliquait la manière de s’en servir.

— Ceci, disait-il, est du cœur, madame, du cœur aussi dur que de la pierre. Il est échan-