Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/190

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qui la réchaufferont. J’ai justement un petit pavillon au bord de l’eau… un pavillon très humide, ce sera une excellente occasion pour le sécher… hein ?

le père Tranet fit une moue. Il avait deviné ; mais il devait fermer les yeux pour l’honneur. Après tout, ce bête de Louis était le seul responsable en ces sortes de choses ridicules.

— Madame, j’accepte ! déclara-t-il, hochant le front, et pourvu que ma fille ne me blâme pas… tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je perfectionnerai ma colle forte et je lui donnerai votre nom si elle est réussie !…

— Monsieur Tranet, nous réfléchirons à cette proposition… Je vous avoue qu’elle m’effraye…

Marcelle ayant terminé sa cigarette envoya chercher son manteau.

Ils visitèrent le pavillon du bord de la Loire. Il y avait deux petites pièces avec un fourneau très commode pour les expériences. Le domestique reçut l’ordre d’installer un lit, des chaises, des marmites, des bûches. Tranet, fier de lui, lançait des tas d’explications qu’il croyait nécessaires.

— Bien sûr que je ne vais plus bouger de ma boîte. Je fondrai mes matières nuit et jour… dans l’espoir de recevoir ma pauvre fille, je serai sage, on ne m’entendra pas remuer. Du reste, je ne suis pas gênant. On ne me verra pas traîner sur les tapis des salons. Il y a des vieux qui ont la manie d’écouter aux portes ; moi, je sais me tenir, allez !…

Marcelle souriait.

— Il faudra prévenir Louise, car elle n’est pas gentille depuis les fêtes de janvier.