Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/216

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— Divorcer !… Ai-je donc un motif ? Ma chère, je ne le peux pas sans motif.

— Elle le désire, ta femme, tu lui es odieux, elle ne t’a jamais aimé… ensuite, une femme qui est stérile !

— Possible !… moi, je ne tiens pas à la donner à un autre, et je suis sûr qu’elle se marierait une seconde fois, la petite éplorée qui a tant de larmes et si peu de goût pour les devoirs conjugaux.

— Au fond, Louis, tu la regretterais, voilà le véritable secret de tes hésitations, mon cher petit sot.

— Je t’assure que je ne l’aime plus, mais j’ai pitié d’elle. C’est qu’elle est toujours jeune et jolie, ma femme.

Marcelle Désambres pinça les lèvres. Louis Bartau avait la constance du souvenir nuptial.

Elle restait là, rêveuse, devant un miroir pompadour de son nid somptueux. À quoi lui servait sa fortune ? Le père Tranet allait quitter le pavillon comme un ingrat, Louise n’aurait plus beaucoup de raisons pour revenir. Déjà, Louis insistait, se réclamant de ses droits d’amant, afin que les deux femmes restassent un peu tranquilles. Il n’était pas possible que la maîtresse eût des relations si suivies avec l’épouse. Cela pouvait gêner le mari dans ses courses nocturnes, et, de plus, désoler inutilement Louise, si jamais on découvrait de telles turpitudes.

Comme ce jeune novice l’avait prise tout d’un coup jusqu’aux moelles ! Les faiblesses absurdes succédaient aux caprices haineux. Tantôt, elle fuyait avec lui la villa italienne pour épuiser, dans un coin de village, ce re-