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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/195

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monsieur vénus

Raoule hocha le front :

— Vous en avez peur ?

— Taisez-vous… au lieu de penser à salir les autres, ayez plutôt pitié de vous-même et de lui !…

— Eh bien, monsieur de Raittolbe, j’exige cependant que vous m’obéissiez !

— La raison ?

— Je veux vous voir tous les deux, face à face, dans mon salon ; il le faut, sinon je garderai un soupçon éternel.

— Triple folle !… je n’obéirai pas…

Raoule vers lui tendait ses mains jointes, dont la peau transparente était maculée d’un peu de sang :

— De Raittolbe, l’être que vous avez frappé comme le plus vil des animaux, lorsque vous le saviez lâche et sans vigueur, moi je l’ai déchiré de mes propres ongles ; j’ai tellement torturé ses malheureux membres, où chacun de vos coups creusait sa meurtrissure, qu’il a crié… on est venu et j’ai dû, moi, Raoule, céder devant l’indignation de sa sœur. Jacques n’est plus qu’une plaie, c’est notre œuvre ; ne m’aiderez-vous pas à réparer ce crime !