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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/23

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xxi
préface

cette autobiographie de la plus étrange des jeunes femmes. En dépit des pages qui veulent, je crois, être sadiques, et qui sont seulement très obscures et très naïves, ce livre à mon goût peut être considéré comme une curiosité qui restera au même titre que certains livres du siècle dernier, que nous lisons encore après que des ouvrages plus parfaits ont disparu. La critique moderne substitue volontiers à la curiosité littéraire la curiosité pathologique ; c’est l’auteur que cherchent dans une œuvre les esprits les plus distingués. Vous savez quelle jeune femme toute de douceur et de finesse est l’auteur, quelle frénésie sensuelle et mystique on trouve dans son livre. Ne vous semble-t-il pas que Monsieur Vénus, en plus des lueurs qu’il jette sur certaines dépravations amoureuses de ce temps, est un cas infiniment attachant pour ceux que préoccupent les rapports, si difficiles à saisir, qui unissent l’œuvre d’art au cerveau qui l’a mise debout ?