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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/231

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monsieur vénus

petit. T’as besoin de tes muscles, il t’en faut pour deux… T’as la même tête que le jour de la raclée. Tu sais la raclée que monsieur le baron t’a administrée. Prends garde, tu vas te trouver mal, t’as quelque chose de détraqué, bien sûr : ta chaste épouse n’aura plus son compte… Est-il gentil, comme ça, entre ses deux amants !

Marie lança ces derniers mots dans un rire féroce, dont les éclats durent faire trembler jusque dans ses fondements la vieille maison des Vénérande.

Élisabeth et Marie Silvert, l’ange du bien qui avait toléré, le démon de l’abjection qui avait excité, fuyaient en même temps, l’un vers le Paradis, l’autre vers l’abîme, cet amour monstrueux qui pouvait, à la fois, aller, dans son orgueil, plus haut que le ciel et, dans sa dépravation, plus bas que l’enfer.