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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/90

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monsieur vénus

Son énergie épuisée, il reglissa au plus profond de ses couvertures, se repliant sur lui-même comme un animal battu.

— Bien vrai ? demanda Raoule, secouée par un frisson délicieux.

— Oui, bien vrai !

Il remonta au jour sa tête ébouriffée, tandis que son admirable teint de blond prenait une nuance rose.

— Alors, pourquoi l’avoir laissé partir, cette lettre ?

— Je ne savais pas, moi ! Marie me certifiait que j’avais la fièvre, sa fièvre. Elle m’a donné une drogue et j’ai eu le délire toutes les nuits, elle disait que c’était de la quinine ; je l’aurais bien retenue, seulement la poigne m’a manqué. Ah ! vous pouvez le remballer votre atelier de malheur ! Dieu de Dieu !…

Essoufflé, il essaya de s’asseoir sur son séant, ce qui fit que Raoule s’aperçut d’une chose étrange : il avait une chemise de femme, une chemise garnie d’un feston.

— C’est elle aussi qui t’arrange de la sorte ? dit Raoule en touchant le feston sur son cou.