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nono

les paupières elle crut surprendre de la tendresse dans le regard de M. de Pluncey.

— Ah ! vous n’avez pas de fille ? dit-elle d’un ton vague.

— Malgré mon âge… non…, Mademoiselle…, je suis célibataire. »

Il dit cela avec une aisance qui prouvait que sa fatuité n’était jamais atteinte.

Elle devint confuse.

— Vous êtes royaliste ? fit-elle pour détourner la conversation.

— J’ai encore ce défaut.

— Vous n’avez pas l’air convaincu.

— Pas avec les femmes, cela ne sert à rien.

— Voilà qui frise l’impertinence. Monsieur…

— Moins que vous n’avez frisé l’eau de l’étang, mademoiselle. »

Renée fronça le sourcil.

— Nous sommes sur un terrain neutre, objecta-t-elle. »

Le duc resta impassible.

On arrivait près des murs démolis du parc.

— Puis-je savoir quel est le propriétaire actuel des Combasses pour le supplier de faire retirer de l’étang mon pauvre Mélibar ? interrogea Renée, hautaine, car le silence du duc l’irritait à présent.

— C’est moi, Mademoiselle, et vous me voyez désolé du mauvais entretien de mes routes. Soyez tranquille, votre cheval sera repêché et enterré avec tous les honneurs dus à son rang.