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nono

— Oh ! le fier ! » dit-elle en lui frottant les joues sur une boucle toute scintillante.

Ce contact le fit crier comme un blessé.

— J’ai soif ! balbutia-t-il et il rampa jusqu’à la vasque pour y boire.

— Attends au moins que l’eau soit renouvelée, grand enfant !

— Non… c’est meilleur… à cause du lilas. »

Quand il eut bu, il essaya de rattraper le bracelet de corail. Renée s’était assise sur le divan et elle guettait tous les mouvements de Nono avec une tendresse nerveuse mélangée de dépit. Peu à peu ses nerfs se révoltèrent de la contrainte qu’elle leur imposait depuis son retour. Le sentiment maternel la quitta subitement, l’abandonnant nue et perverse à la merci de ses sens de fille indomptée.

— Nono ! cria-t-elle, je t’attends… c’est toi qui me tues ! »

Nono affolé, ne fit qu’un bond.

— Mon Dieu ! comme tu es changée… qu’as-tu encore ?…

— Ce que tu as, toi ! C’est une fièvre… elle ne peut plus se calmer !

— Si, tu vas voir… je crois qu’en t’embrassant je guérirai la mienne, et que tu deviendras moins méchante ! »

De bonne foi, il s’imaginait que c’était un mal qu’ils avaient tous les deux.

Dans la folie des caresses, le peignoir s’ouvrit. Nono, ébloui, recula.