Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
nono

L’homme finit par se démasquer. La tenue irréprochable et la douce gravité de ses traits intimidèrent tout de suite Bruno ; cependant il lui cria d’un ton rageur :

— Que faites-vous ici ? »

L’homme salua immédiatement.

— Monsieur, répondit-il avec une urbanité exquise, je me promène !

— Vous êtes sur les terres des autres ! gronda Nono en serrant les poings.

— Je vous ferai remarquer, mon ami, que je ne chasse pas ! objecta du bout des lèvres le duc de Pluncey, car c’était lui-même qui ressemblait à Victorien Barthelme.

— Je crois bien, la chasse n’est pas ouverte, il ne vous manquerait plus que cela !

— Vous êtes garde champêtre ? interrogea le duc clignant les paupières et très contrarié, à présent, de son escapade d’écolier.

— Je suis le secrétaire du général Fayor !

— Ah ! très bien, fit le duc respirant, j’ai une voiture renversée dans un mauvais sentier de la montagne. Voudriez-vous, mon ami, aider à la remettre sur ses roues ?…

— Non, monsieur, je ne sais qu’écrire… » répliqua brusquement Nono dont la colère montait de plus en plus.

M. de Pluncey s’accouda gracieusement au socle armorié de la Diane, il sortit un cigare d’un étui d’ivoire vert et se mit à l’allumer.