Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
nono

rait bien avoir des qualités thermales. Et il interpellait Bruno, qui, épouvanté de toute espèce d’innovations, se bornait à sa réponse ordinaire : — Moi, je ne sais pas, mon général. »

On a vu comment tout le pays avait été mis en réquisition, et comment M. Fayor prenait les choses à cœur dès qu’il s’agissait de vaincre une difficulté.

La roche se soulevait lentement ; les hôtes microscopiques de ce palais géant s’enfuyaient éperdus sous le lierre, cassant de tous côtés. Renée, curieuse, se tenait debout devant l’ouverture. Bruno revint. Il portait un paquet de journaux illustrés et des lettres. Elle prit son courrier sans y faire attention.

— Avez-vous d’autres commissions à me faire faire ? demanda le secrétaire, la physionomie altérée.

— Non, vraiment, mon ami, vous êtes d’une condescendance rare, et si votre politesse avait ajouté un « mademoiselle » quelconque, je vous tiendrais quitte. »

Elle lui faisait cette remarque d’une façon tranquille comme on doit faire les observations aux domestiques encore mal stylés. Bruno sentit peut-être l’injure. Il mordit ses lèvres qu’il avait épaisses mais bien taillées, et malgré sa douceur insouciante, il confondit amazone, cheval, chienne dans la même haine de collégien. À part lui, il promit à toutes ces superbes créatures un tour cuisant s’il en trouvait l’occasion, et pourvu que sa bonté habituelle ne reprît pas le dessus. Puis, voulant sa part de curiosité,