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dant le jour. La victime était découverte, le cadavre avait parlé, il y avait vraiment un vrai crime et quel crime ? La plus épouvantable des tueries car d’aucuns ajoutaient que le pauvre Parisien avait eu la langue arrachée avant sa mort. D’autres se rappelaient la disparition d’une fillette de sept à huit ans qui, en suivant un colporteur d’images, s’était égarée dans une terre labourée. On ne l’avait pas revue et on n’était pas éloigné de croire que le meurtrier de Barthelme l’avait mise également sous quelque grosse pierre.

Le fait établi, qu’on ne pouvait nier, c’était que cette petite avait fui juste à l’époque de l’arrivée de Bruno à Tourtoiranne, vers le mois de mars.

Elle avait pris la direction du château, ne sachant pas l’horrible sort que lui réservait… l’imagination du public.

La veuve du jardinier ne pouvait pas déclarer ce qu’elle savait sans consulter Bruno. Elle craignait d’aggraver l’accusation et quand elle pensait aux châtelains de là bas, elle se souvenait que le jour où elle avait refranchi la grille d’honneur des Combasses, un domestique Lui avait déclaré que M. le duc avait ses pauvres, qu’il était même fermement décidé à n’en pas augmenter le nombre.

Les âmes charitables qui discouraient de l’affaire de Tourtoiranne, en mêlant si souvent le nom de cette demeure aux charges amoncelées sur le prisonnier, n’avaient pas une seule allusion fâcheuse vis-à-vis de ses habitants. Le général avait eu un assassin