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nono

— Ma foi, Mademoiselle je fais une triste mine ; la vie m’est dure, je veux revenir chez ma mère quelque temps.

— C’est très bien !

Renée prit un instrument d’ivoire et se mit à polir ses ongles.

— Vous êtes un honnête homme, Bruno ! fit-elle encore.

— Pourquoi, Mademoiselle ? balbutia-t-il.

— Je vous conseille de continuer, acheva-t-elle avec une ellipse qui acheva d’abasourdir Bruno, peu habitué au langage des femmes folles. »

Elle le renvoya d’un signe de tête affectueux.

Nono se dit qu’il y aurait sûrement une apparition, cette nuit-là, et, pour plus de précaution, le soir il se coucha à moitié vêtu. Même sous les couvertures, Nono aimait à garder les convenances, puisqu’il n’y avait plus que lui qui les gardât au château de Tourtoiranne.

Dix heures sonnaient à l’horloge du salon quand on revint dans la chambre du jeune secrétaire. La bougie éteinte fut rallumée et on chercha dans son tiroir. Renée paraissait plus pressée que de coutume. Elle lut le billet de Lilie et ce fut rapide, car il ne contenait que six lignes.

« Monsieur Bruno,

» Je vous remercie de tout mon cœur. J’accepte ce beau collier en mémoire des plus heureux jours de mon enfance. Vous serez à jamais mon ami. Celui que j’épouse vous permettra de me revoir, et je