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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/103

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ne lui va pas ! Authentiquement la veuve d’un prince italien et fille d’un roi d’Autriche, dont je ne me rappelle plus le numéro, elle a contribué à l’histoire scandaleuse de ce pays de toute la puissance de son tempérament. Ce soir, elle est seule, ce qui donne à réfléchir. Enfin, une à une, et arrivant en retard, s’épanouissent les autres fleurs de la corbeille sur le gazon du tapis, exhalant des parfums capiteux qui rendent ceux des roses-thé un peu fades.

La danseuse Sorgah, Clara Lige, le modèle, Hubertine Cassan, l’actrice, et Raoule Pierly sans autre emploi défini que celui de remplacer tous les autres, car elle a tous les talents réunis d’une fort intelligente courtisane.

Sorgah, la danseuse, une statuette d’ambre clair, a des yeux superbes, ne vivant pas, semblant en onyx, et le plus doux des sourires. Presque nue, elle doit grelotter dans son étroit pagne hindou, d’un bleu tournant au vert turquoise. À ses bras, à ses jambes sonnent des anneaux d’or massif reliés par des chaînettes de perles. Je sais qu’elle a toujours froid, même quand elle danse, et elle dansera jusqu’à en mourir, dans les sinistres courants d’air de nos théâtres occidentaux.

Clara Lige est drapée de blanc, une longue frange d’argent se colle à ses mollets comme