Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/112

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est facile de nous le prouver. Eh bien ! Supposez qu’on vous offre la possibilité d’abolir cette pudeur sans que vous y soyez consentantes, que, demeurant innocentes de tous les gestes, une loi plus forte que votre… chasteté naturelle vous contraigne à n’en pas tenir compte ? En un mot si un aphrodisiaque vous paralysait sous le seul rapport de la pudeur : qu’arriverait-il ?

— Ça dépendrait de l’enjeu ! fait pensivement Raoule Pierly revenue aux questions professionnelles.

— Oh ! l’enjeu… ? Nous parlons d’amour et non pas d’affaires ! Peu importe ! Un homme, des hommes. Puisqu’il s’agit d’une course au plaisir, mettons des… coureurs !… Voulez-vous que nous tentions l’épreuve ? Si la pudeur existe réellement comme suprême loi de l’amour, elle sera la plus forte et abolira le besoin du plaisir, le plus impérieux que je sache, sinon… Et dans les deux cas vous restez les victimes, puisque les gestes en cause, les manifestations de cette expérience seront involontaires. Moi, j’ai une théorie sur la pudeur. La pudeur… c’est l’alibi.

Les hommes font une figure appropriée au sujet. Ils sont un peu inquiets et cependant très intrigués. Rien n’amuse plus les animaux de toutes les espèces et plus l’ani-