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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/114

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Je réponds, tout haut :

— Je n’en sais absolument rien. Nous allons les essayer docteur. Je consens, d’avance, à les payer de ma liberté.

D’un seul mouvement, elles sont toutes autour de moi. Sorgah, délivrée de son vieux peintre, se penche, anxieuse, sur mon épaule. Hubertine Cassan s’assied sur le bord de la table en renversant une corbeille de fruits. Clara Lige, droite, couve des yeux la petite boîte comme un épervier fascinerait un jeune lapin. Quant à Raoule Pierly, toujours distante et femme du meilleur monde, elle se mord les lèvres, les dents rageuses.

Boreuil, de plus en plus inquiet, flaire une pastille.

— Ça sent la violette. Il doit y avoir des cantharides. Quant à supprimer les effets désastreux de la cantharide… bien malin serait celui qui…

Je lui coupe la parole :

— Mon cher docteur, je ne redoute aucune aventure, même fâcheuse. Mes pastilles ne sont vraiment dangereuses que pour la pudeur de ces dames. Rien à craindre pour leur santé… si elles se portent bien ! Il se peut, du reste, que nos belles amies réagissent contre leurs trop doux effets. Si elles ne réagissent pas, elles demeureront innocentes, au moins devant moi, leur complice.