Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dence que je n’aurais pas dû me marier, mais ça date d’avant la guerre ! C’est stupide de jouer avec le feu. Ces brebis vont devenir enragées.

Depuis les vins fins les domestiques ont très discrètement disparu pour aller servir le café dans le salon jaune. Les femmes, autour de moi, se consultent du regard. Les mets et les alcools terriblement épicés qu’on leur a offerts embrument leurs cervelles de douces colombes poignardées par le désir d’une suprême curiosité. Ne sont-elles pas toutes plus ou moins infestées de drogues préventives, curatives ou inoffensives que leur vendent nos charlatans à la mode ? Celle-là… c’est une nouveauté, oui.

— Attention, Mesdames ! (Et je tends ma boîte d’émail à Boreuil.) Il convient d’en prélever une pour notre excellent docteur qui la conservera aux fins d’analyse, le cas échéant.

Boreuil prend une pastille, la flaire encore en faisant une grimace dubitative, puis la glisse dans la poche de son gilet.

— La séance continue ! dit-il un peu vexé.

— Nous nous en remettons à la logique de ces dames. La logique, c’est la règle de tous les jeux. Ces dames auront le choix (et j’appuie) entre la disparition furtive ou la