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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/128

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Comme c’est beau, chez vous ! Un jardin, un chien, des fleurs dans une pièce d’eau ! On se croirait bien loin de Paris. Vous êtes là chez vous, comme un roi… et vos domestiques ont l’air d’être vos parents. Je suis bien contente que vous ne soyez plus malade si vous ne mentez pas. Mon portrait ? Ça va en faire des jalouses ! Ils ne diront plus que je suis laide. (Elle ôte son chapeau.) J’ai des cheveux tout plein, seulement, je ne sais pas me coiffer à la mode. Je les couperai, si vous aimez mieux…

Je l’écoute, ravi. Elle va, vient, se rassied et caresse Sirloup qui lui donne de vigoureux coups de patte pour l’assurer de son dévouement. Je remarque, non sans attendrissement, que ce qui l’éblouit, ce ne sont ni les cristaux taillés, ni les argenteries des vitrines, encore moins le couvert où Francine a prodigué les figurines de Sèvres sur un carré de Venise. Ce qui l’enchante, c’est le jardin, les fleurs, les grands arbres. On a envie de l’embrasser !

Elle baisse les yeux, subitement, sous mon regard plus chaud.

— Oui, j’ai pleuré. Ça m’est parti malgré moi, quand ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas vous réveiller de nouveau, puisque vous ne m’attendiez pas.

— Ma pauvre Bouchette ! Est-ce que je