Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/151

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— Cette enfant-là, Monsieur, déclare Francine, c’est tendre et solide comme du pain complet. Elle fait un vilain métier, ça, c’est certain et je ne comprends pas pourquoi ses parents le lui laissent faire, mais elle est honnête : rien en dehors de la pose.

Avouer à Francine que ce n’est pas un modèle ordinaire, celui qu’on ne paie pas, même pour la pose ? Fichue situation ! Par moment je serais content de me rencontrer, nez à nez, avec le représentant de la maison espagnole, et mon fatalisme intérieur m’interdit toute provocation extérieure de ce côté-là. Une chose demeure indéniable, c’est que j’ai le tort d’avoir commencé. Heureusement que Bouchette ne songe point à me le reprocher : elle ignore la psychologie.

Aujourd’hui nous allons au Faubourg. Je suis très curieux d’étudier les réactions de la sensibilité de cette primitive, sous le choc des pensées bondissant dans une foule presque populaire. Le Faubourg n’a rien d’un théâtre et n’use de l’écran que lorsqu’un film est défendu. Ce n’est pas non plus la réunion publique où, généralement, on reçoit beaucoup plus de horions que de bons principes. On pourrait appeler ce pittoresque rendez-vous de, souvent, très mauvaise compagnie, l’auberge des idées. On entre là-dedans pour deux francs et on y