Aller au contenu

Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

heures et demie, tout le monde est là. Sous le rapport de l’exactitude, le Faubourg se montre royalement poli. Il n’est pas rare, même, de voir des groupes de spectateurs attendant l’ouverture de la salle en grignotant quelques vagues charcuteries, le lion populaire s’aiguisant les dents !

Bouchette est en cheveux, dans une coiffure que je trouve un peu négligée, rappelant celle de ma Jeunesse. Je n’ai pas le courage de me plaindre, cependant je préférerais ne pas nous faire trop remarquer.

Parmi les spectateurs, je distingue une bande de joyeux rapins, détestant les vieux maîtres d’instinct, ce en quoi ils ont souvent raison, car l’habitude du succès engendre la monotonie de l’œuvre.

En marge des vieux maîtres et des jeunes écoles, je ne leur représente guère qu’un indépendant qu’ils connaissent mal et dont les procédés ne font l’objet d’aucun manifeste. Moi je ne manifeste pas, je travaille. Et quand j’ai le temps de m’ennuyer, je m’amuse. Il serait plus franc d’avouer que je m’amuse toujours, mon travail étant, par excellence, la recherche de la beauté sous toutes ses formes et de la vérité aussi nue que possible.

La cérémonie se déroule selon les rites coutumiers. Un ami fait un éloge trop