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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/176

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auraient fait ses deux compagnons… de peine ! Par tout le corps, elle est maculée de piqûres et de plaies. Maigre, anguleuse, ses bras, aux coudes et aux poignets, montrent leurs os. Elle a une peau qui semble grise dans la lueur laiteuse de l’astre, mais ses lignes sont encore correctes, révèlent plus de jeunesse que son visage tourmenté.

— Vous avez été belle, Madame, dis-je, d’un accent de reproche, très amer, malgré moi. Pourquoi avez-vous avili tout cela ? (Et j’ajoute, plus doucement :) Voyons, reviens à toi, réponds-moi. C’est stupide, c’est coupable de t’abîmer ainsi. La vie n’est pas faite pour le mensonge !

Elle se redresse, impérieuse :

— Vous allez me rendre ma poudre ! Où est ma boîte ? Vous me l’avez volée…

Elle est furieuse, tout à coup.

Je cherche la boîte qui a glissé sur le gazon. Sirloup, très attentif à tous mes gestes, la trouve, la ramasse, et la lui présente, délicatement. Il se sent, maintenant, plein de prévenance pour cette singulière animale qui pose, ou remet, sa peau à volonté.

— Il est beau, votre chien ! (Ses yeux se ferment.) Dites-moi, chéri… est-ce que c’est vrai que les chiens…

Elle paraît s’endormir. Sous les narines, je vois couler une morve blanchâtre, une