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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/196

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son ultime plaisir d’amante de m’injurier, j’aime encore mieux ça que son indifférence mondaine du début. Cependant je ne lui reconnais pas le droit d’introduire un avocat dans l’histoire de notre intimité, surtout en dehors de mon champ d’action. Un homme m’aurait jeté la plus petite goutte de ce torrent de fiel que je l’aurais déjà tué ! Je ne lui reproche rien, moi, parce que je l’aime toujours, mais pourquoi m’a-t-elle lié, pieds et poings liés, à son image, à celle qui ment ?

Je ris plus fort. Une idée vraiment diabolique, celle-là, traverse ma cervelle bouillante. On me pousse à tous les excès quand on m’empêche de passer par le raisonnement. Or, par quel raisonnement puis-je la convaincre, étant fou moi-même ? Ah ! elle veut acheter son portrait ? Très bien ! À merveille ! Le tout sera d’y mettre le prix.

— Line, lui dis-je très doucement, presque tendrement, vous vous égarez. Votre indignation va trop loin. Je crois que ce portrait n’est plus aussi… scandaleux. Je l’ai moi-même rectifié. Voulez-vous venir le revoir ?

Elle hausse les épaules, hésite un instant et me suit.

Nous descendons l’escalier qui nous mène au boudoir-serre. Là, Sirloup est couché en travers de la porte, il gronde quand je le dé-