Aller au contenu

Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

féminin et où j’ai l’impression de porter le plafond bas sur ma tête, tellement cela ressemble à une souricière. Dans mon crâne m’entre comme le clou qui tue les pauvres bestioles coupables d’avoir eu faim et d’avoir voulu mordre à l’appât. Je n’ai pas la migraine, seulement je continue à y voir un peu rouge. En face de moi, la tache sanglante d’un bâton de fard, un ruban écarlate et des jarretières nouées sous deux fleurs de grenades ; c’est irritant, surtout lorsqu’on se rappelle pas mal d’autres joujoux du même ton. Le peintre s’hypnotise facilement et cela devient dangereux pour l’homme, cette couleur qui agace les taureaux.

Je sors de ce réduit parfumé en secouant mes rudes cheveux, car, n’ayant pas découvert la brosse, je n’arrive pas à les discipliner avec ce démêloir d’écaille trop souple, qui plie dans les doigts.

Pauline Vallier est étendue, statue tombale. autre genre de Muse en service commandé, dans le ravage des draps et des couvertures, ombrée d’une longue écharpe de dentelles noires. On devine la merveille de ce corps, très blanc, sous ce voile, celle de la poitrine où les deux seins ont l’apparence de coupes d’albâtre dont on aurait brisé les pieds en les collant à la chair, montrant, à la place de la cassure, une dépression rose.