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XXI

Je suis resté très longtemps absent et je reviens chez moi comme un étranger qui a perdu l’habitude de vivre à la même place. Tout m’importune et me cause un étonnement de mauvais goût. Suis-je guéri ou encore malade ? Je trouve la maison trop petite, le jardin inutile, ses trois arbres centenaires trop grands et cette vasque, ce miroir de poche d’une eau sombre, où je me vois en noir, me fait sourire de pitié.

Francine, qui m’accompagne dans ma promenade autour de ma cage parisienne, m’explique, les yeux mouillés d’émotion, les différents changements survenus pendant mon absence et elle parle à voix basse comme si quelqu’un était mort.

— Vous aviez bien recommandé de lui donner de l’air et de la lumière à cet arbre, et nous avons fait venir des ouvriers pour enlever le toit et arranger les châssis pour qu’on puisse les lever ou les baisser selon le beau ou le vilain temps. Ah ! Monsieur ! Ces