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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/262

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réalité, toute naturelle, ne revient plus chez moi, prie, supplie le père de consentir enfin à la réhabilitation. Seulement, il y a le parfum, ce parfum coûteux et tenace dont elle me disait : « S’il n’en connaît pas le nom, il sait bien que je n’ai pas les moyens de me l’offrir ! » Ah ! la qualité du parfum, qui révèle aussi la qualité de la liaison ou de l’amour !… L’odeur du luxe précédant la luxure ! L’empreinte de celui qui guette son heure et a la lâcheté de ne pas céder, simplement par dilettantisme ou par précaution contre les beaux emballements.

(L’autre aussi attendait peut-être son heure et si je n’avais pas tué la bête, si je n’avais pas, oh ! sans le vouloir, sacrifié la chair…)

Quelle différence existe-t-il entre cet obscur Espagnol, ce hibou sauvage et sage, retournant dans son pays, revenant à sa race, lui sacrifiant la chair, sa propre chair, et le libertin égoïste, l’amoureux superficiel ?

Je n’ai pas compris ni deviné le drame, je n’ai pas cherché à secourir celle qui en était réellement la victime, qui en mourait, tuée par moi plus sûrement que je n’ai tué mon chien !

Je ne pleure pas. J’émiette sous mes doigts nerveux un pinceau frêle et je regarde, hyp-