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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/42

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l’air de vous fiche du monde. Mais pour qu’on mette votre photo dans les journaux, il faut que… (Et brusquement, elle saute sur la portière, frappe à la vitre, veut l’ouvrir, se précipiter hors de cette voiture pour me fuir, toute sa belle confiance envolée.) Je veux m’en aller ! Je veux descendre ! Ah ! laissez-moi descendre ou j’appelle le chauffeur !

Ce n’est ni de la coquetterie, ni de la pudeur, c’est de la terreur folle me révélant à la fois la vibrante sensibilité de cette enfant du peuple et sa logique superstitieuse. Qui photographie-t-on dans les journaux, sinon les assassins, les hommes politiques, les gens de lettres, les voleurs, enfin tous les grands malfaiteurs de l’humanité.

Je fais arrêter le taxi, je tire une carte de mon portefeuille et, l’ayant aidée respectueusement à descendre, je murmure :

— Je ne connais même pas votre nom. Je ne vous demande pas votre adresse, cependant voici toute ma personne entre vos jolies mains, petite madame. Adieu ou au revoir.