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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/54

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VI

La serre est un petit boudoir vitré, au plafond rond, une espèce de cloche posée sur une plante rare, une étrange fleur que je cultive à mes moments perdus, à l’heure du rêve, dont le parfum me fait mal, mais que je respire comme on aspire l’odeur de l’opium, comme on goûte le haschich, la morphine, l’éther ou la fameuse coco, d’intronisation plus récente. J’ai le mépris des paradis artificiels… probablement parce que j’ai su me créer un enfer naturel qui suffit à me procurer toutes les extases, et il faut m’entendre fulminer contre ces différentes intoxications, puis, me voir, ensuite, dans le temple de mon culte secret pour se rendre compte de ma parfaite hypocrisie.

Vertueux ? Oui, je le suis. J’aime l’eau pure parce que je me sens toujours ivre. Je fuis les occasions d’amour, parce que je demeure toujours épris. Je m’efforce à la correction de mes moindres gestes, parce que j’ai