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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/69

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c’est chic d’être venu, monsieur Alain Montarès.

Je tressaille en l’entendant prononcer mon nom et ce m’est un plaisir singulier. Je prends son bras, je l’entraîne. Pourvu que mon animal de chauffeur, qui flaire une aventure louche, ne voie pas cette fillette en tailleur de demi-saison par cette température de saison et demie !

— Venez vite, je vous demande pardon de vous avoir fait attendre, mais c’est un peu de votre faute. Vous m’écrivez : du côté du départ, et je vous trouve juste à l’opposé…

Elle me répond très doucement, avec le sourire :

— Bien sûr. En tournant le dos, ça faisait le contraire.

C’est tellement désarmant que je ris aussi.

Je la pousse dans l’auto et je lui jette sur les genoux une peau d’ours, tout en guettant le chauffeur qui cherche, lui, des cigarettes introuvables. J’insiste :

— Pourquoi sans manteau, jolie toquée, puisque vous en aviez un, l’autre jour ?

Je me penche sur ce visage, rose, joyeux, mais un peu crispé.

— C’est parce qu’il ne va pas avec mon tailleur neuf. Au dernier moment, j’ai pensé que vous ne verriez pas ma robe, si je pre-