Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

loa BRITANNICUS.

Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence, Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs , Relevoient de ses yeux les timides douceurs : Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue, J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue; Immobile, saisi d'un long étonnement, Je l'ai laissé passer dans son appartement. J'ai passé dans le mien. C'est là que, solitaire, De son image en vain j'ai voulu me distraire. Trop présente à mes yeux, je croyois lui parler : J'aimois jusqu'à ses pleurs que je faisois couler. Quelquefois, mais trop tard, je lui demandois grâce : J'employois les soupirs, et même la menace. Voilà comme, occupé de mon nouvel amour, Mes yeux sans se fermer ont attendu le jour. Mais je m'en fais peut-être une trop beile image; Elle m'est apparue avec trop d'avantage : Narcisse, qu'en dis-tu?

NARCISSE.

Quoi, seigneur! croira-t-on Qu'elle ait pu si long-temps se cacher à Néron?

NLHON.

Tu le sais bien , Narcisse. Et soit que sa colère M'imputât le malheur qui lui ravit son frère; Soit que son cœur, jaloux d'une austère fierté, Enviât à nos yeux sa naissante beauté, Fidèle à sa douleur, et dans l'ombre enfermée, Elle se déroboit même à sa renommée. Et c'est cette vertu, si nouvelle à la cour, Dont la persévérance irrite mon amour.

�� �