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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/120

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na BRITANNICUS.

Absente de la cour, je n'ai pas dû penser , Seigneur, qu'en l'art de feindre il fallût m'exercer. J'aime Britannicus. Je lui fus destinée. Quand l'empire devoit suivre son hyménée : Mais ces mêmes malheurs qui l'en ont écarté, Ses honneurs abolis, son palais déserté, La fuite d'une cour que sa chute a bannie, Sont autant de liens qui retiennent Junie. Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs ; Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs; L'empire en est pour vous l'inépuisable source : Ou, si quelque chagrin en interrompt la course, Tout l'univers, soigneux de les entretenir, S'empresse à l'effacer de votre souvenir. Britannicus est seul : quelque ennui qui le presse , Il ne voit dans son sort que moi qui s'intéresse, Et n'apour tous plaisirs, seigneur, que quelques pleurs Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs.

HÉRON.

Et ce sont ces plaisir; et ces pleurs que j'envie , Que tout autre que lui me paieroit de sa vie. Mais je garde à ce prince un traitement plus doux : Madame, il va bientôt paroitre devant vous.

JUNIE.

Ah, seigneur! vos vertus m'ont toujours rassurée.

fflÉRON.

Je pouvois de ces lieux lui défendre l'entrée;

."riais, madame, je veux prévenir le danger

Où son ressentiment le pourroit engager.

Je ne veux point le perdre; il vaut mieux quelui-méu;;.

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