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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/123

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ACTE II, SCÈNE VI. i,5

Hélas ! dans la frayeur dont vous étiez atteinte , M'avez-vous en secret adressé quelque plainte? Ma princesse, avez-vous daigné me souhaiter? Songiez-vous aux douleurs que vous m'alliez coûter...? Vous ne me dites rien ! Quel accueil ! quelle glace! Est-ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce? Parlez : nous sommes seuls. Notre ennemi, trompé, Tandis que je vous parle est ailleurs occupé : Ménageons les momens de cette heureuse absence.

JTJNIE.

Vous êtes en des lieux tout pleins de sa puissance : Ces murs même, seigneur, peuvent avoir des yeux ; Et jamais l'empereur n'est absent de ces lieux.

BRITANNICUS.

Et depuis quand, madame, êtes-vous si craintive? Quoi ! déjà votre amour souffre qu'on le captive? Qu'est devenu ce cœur qui me juroit toujours De faire à Néron même envier nos amours ? Mais bannissez, madame, une inutile crainte : La foi dans tous les cœurs n'est pas encore éteinte; Chacun semble des yeux approuver mon courroux; La mère de Néron se déclare pour nous. Rome , de sa conduite elle-même offensée...

JÏÏNIE.

Ah, seigneur! vous parlez contre votre pensée. Vous-même, vous m'avez avoué mille fois Que Rome le louoit d'une commune voix : Toujours à sa vertu vous rendiez quelque hommage. Sans doute la douleur vous dicte ce langage.

BRITANNICDS.

Ce discours me surprend, il le faut avouer :

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