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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/228

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2qo BERENICE.

Tremblant d'avoir osé s'expliquer devant elle,

Votre cœur me contoit son audace nouvelle?

\ ous fuyiez un hymen qui vous faisoit trembler.

Cet hymen est rompu : quel soin peut vous troubler ?

Suivez les doux transports où l'amour vous invite.

��ANTIOCHUS.

��Arsace, je me vois chargé de sa conduite : Je jouirai long-temps de ses chers entretiens; Ses yeux même pourront s'accoutumer aux miens, Et peut-être son cœur fera la différence Des froideurs de Titus à ma persévérance. Titus m'accable ici du poids de sa grandeur; Tout disparoît dans Rome auprès de sa splendeur : Mais, quoique l'Orient soit plein de sa mémoire, Bérénice y verra des traces de ma gloire.

ARSACE.

N'en doutez point, seigneur, tout succède à vos vœux.

ANTIOCHUS.

Ah, que nous nous plaisons à nous tromper tous deux!

ARSACE.

Et pourquoi nous tromper?

ANTIOCHUS.

Quoi! je lui pourrois plaire? Bérénice à mes vœux ne seroit plus contraire? Bérénice d'un mot flatteroit mes douleurs? Penses-tu seulement que parmi ses malheurs, Quand l'univers entier négligeroit ses charmes , L'ingrate me permît de lui donner des larmes , Ou qu'elle s'abaissât jusques à recevoir Des soins qu'à mon amour elle croiroit devoir?

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