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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/245

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ACTE IV, SCÈNE V. q3 7

Faudra-t-il quelque jour payer leur patience? Que n'oseront-ils point alors me demander? Maintiendrai-je des lois que je ne puis garder?

BÉRÉNICE.

Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice !

TITUS. '

Je les compte pour rien! Ah ciel! quelle injustice!

BÉRÉNICE.

Quoi ! pour d'injustes lois que vous pouvez changer, En d'éternels chagrins vous-même vous plonger! Rome a ses droits, seigneur: n'a vez-vous pas les vôtres? Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les nôtres? Dites , parlez.

TITUS.

Hélas! que vous me déchirez!

BÉRÉNICE.

Vous êtes empereur, seigneur, et vous pleurez!

TITUS.

Oui, madame, il est vrai, je pleure, je soupire, Je frémis. Mais enfin, quand j'acceptai l'empire, Rome me fit jurer de maintenir ses droits : Il les faut maintenir. Déjà plus d'une fois Rome a de mes pareils exercé la constance. Ah ! si vous remontiez jusques à sa naissance, Vous les verriez toujours à ses ordres soumis : L'un, jaloux de sa foi, va chez les ennemis Chercher, avec la mort, la peine toute prête; D'un fils victorieux l'autre proscrit la tète; L'autre , avec des yeux secs et presque indifférens , Voit mourir ses deux fils par son ordre expirans.

TOME II. 'X l

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