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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/261

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ACTE V, SCENE VII. 260

Ou, s'il vous garde encore un reste de courroux , Je conjure les dieux d'épuiser tous les coups Qui pourroient menacer une si belle vie Sur ces jours malheureux que je vous sacrifie.

BÉRÉNICE } se levant. Arrêtez , arrêtez! Princes trop généreux, En quelle extrémité me jetez-vous tous deux ! Soit que je vous regarde , ou que je l'envisage, Partout du désespoir je rencontre l'image; Je ne vois que des pleurs , et je n'entends parler Que de trouble, d'horreurs, de sang prêt à cuuler.

(« Titus.} Mon cœur vous est connu , seigneur , et je puis dire Qu'on ne l'a jamais vu soupirer pour l'empire : La grandeur des Romains , la pourpre des Césars N'a point , vous le savez , attiré mes regards. J'aimois, seigneur, j'aimois; je voulois être aimée. Ce jour , je l'avouerai , je me suis alarmée ; J'ai cru que votre amour alloit finir son cours : Je connois mon erreur, et vous m'aimez toujours. Votre coeur s'est troublé ; j'ai vu couler vos larmes. Bérénice , seigneur , ne vaut point tant d'alarmes , Ni que par votre amour l'univers malheureux , Dans le temps que Titus attire tous ses vœux , Et que de vos vertus il goûte les prémices, Se voie en un moment enlever ses délices. Je crois, depuis cinq ans jusqu'à ce dernier jour, Vous avoir assuré d'un véritable amour : Ce n'est pas tout; je veux, en ce moment funeste , Par un dernier effort couronner tout le reste :

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