Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Cleone

Il vient, Madame, il vient. Et vous pouvez juger,
Que bien-toſt à vos piez il alloit ſe ranger.
Preſt à ſervir toûjours ſans eſpoir de ſalaire,
Vos yeux ne ſont que trop aſſurez de luy plaire.
Mais il entre.



Scène III.


Oreste, Hermione, Cleone

Oreste


AH ! Madame ! eſt-il vray qu’une fois
Oreſte en vous cherchant obeïſſe à vos lois ?
Ne m’a-t-on point flatté d’une fauſſe eſperance ?
Avez-vous en effet ſouhaitté ma preſence ?
Croiray-je que vos yeux à la fin deſarmez
Veulent…

Hermione

Veulent…Je veux ſçavoir, Seigneur, ſi vous m’aimez.

Oreste

Si je vous aime ! O dieux ! Mes ſermens, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes reſpects, mes injures,
Mon deſeſpoir, mes yeux de pleurs toujours noyez,
Quels témoins croyrez-vous, ſi vous ne les croyez ?

Hermione

Vangez-moy, je croy tout.

Oreste

Vangez-moy, je croy tout.Hé bien allons, Madame.