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Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/298

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NERON.

Souhaittez la. C’eſt tout ce que je vous puis dire.

BRITANNICUS.

Le bon-heur de luy plaire eſt le ſeul où j’aſpire.

NERON.

Elle vous l’a promis, vous luy plairez toûjours.

BRITANNICUS.

Je ne ſçay pas du moins épier ſes diſcours.
Je la laiſſe expliquer ſur tout ce qui me touche,
Et ne me cache point pour luy fermer la bouche.

NERON.

Je vous entens. Hé bien, Gardes.

JUNIE.

Que faites-vous ?
C’eſt voſtre Frere. Helas ! C’eſt un Amant jaloux.
Seigneur, mille mal-heurs perſecutent ſa vie.
Ah ! ſon bon-heur peut-il exciter voſtre envie ?
Souffrez que de vos cœurs rapprochant les liens,
Je me cache à vos yeux, & me dérobe aux ſiens.
Ma fuite arreſtera vos diſcordes fatales,
Seigneur, j’iray remplir le nombre des Veſtales.
Ne luy diſputez plus mes vœux infortunez,
Souffrez que les Dieux ſeuls en ſoient importunez.

NERON.

L’entrepriſe, Madame, eſt eſtrange & ſoudaine.
Dans ſon Apartement, Gardes, qu’on la rameine.
Gardez Britannicus dans celui de ſa Sœur.

BRITANNICUS.

C’eſt ainſi que Neron ſçait diſputer un cœur.

JUNIE.

Prince, ſans l’irriter, cedons à cét orage.

NERON.

Gardes, obeïſſez, ſans tarder d’avantage.