Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/330

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feulement voir fi les bons mots d’Ariftophane auroient quelque grace dans noftre langue, Ainli moitié en m’encourageant, moitié en mettant eux-meimes la.main à l’œuvre, mes amis me rirent commencer une Piece qui ne tarda guere à eftre achevée.

Cependant la plufpart du monde ne Ce fôucie point de l’intention, ny de la diligence des Autheurs. On examina d’abord mon amufement comme on auroit fait une Tragedie. Ceux mcfmes qui s’y eftoient le pins divertis, eurent peur de n’avoir pas ry dans les regles, & trouverent mauvais que je n’enfle pas fongé plus ferieufement à les faire rire. Quelques autres s’imaginerent qu’il eftoit bienfeant à eux de s’y ennuyer, & que les matieres de Palais ne pouvoient pas eftre un fujet de divertiflèment pour des gens de Cour. La Piece fut bien-toft apres joiiée à Verfàilles. On ne fit point de fcrupule de s’y réjoiiir ; & ceux qui avoient crû fe des — honorer de rire à Paris, furent peut-eftre obligez de rire à Verfàilles, pour fe faire honneur.

Ils auroient tort à la verité, s’ils me reprochoient d’avoir fatigué leurs oreilles de trop de chicane. C’eft une langue qui m’eft plus étrangere qu’à perfonne ; & je n’en ay employé que quelques mots barbares, que je puis avoir appris dans le cours d’un procez, que ny mes Juges, ny moy, n’avons jamais bien entendu.