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Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/38

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LES FRERES ENNEMIS.

Je les connois tous deux, & je répondrois bien,
Que leur cœur, cher Hémon, eſt plus dur que le mien.
Mais les Dieux quelquefois font de plus grands miracles.



SCENE II.

ANTIGONE, HEMON, OLYMPE.


ANTIGONE.


HE bien apprendrons-nous ce qu’ont dit lets Oracles ?
Que faut-il faire ?

OLYMPE.

Que faut-il faire ? Helas !

ANTIGONE.

Que faut-il faire ? Helas ! Quoy ? Qu’en a-t-on appris ?
Eſt-ce la Guerre, Olympe ?

OLYMPE.

Eſt-ce la Guerre, Olympe ? Ah ! c’eſt encore pis.

HEMON.

Quel eſt donc ce grand mal que leur couroux annõce !

OLYMPE.

Prince pour en juger écoutez leur réponce.
Thebains pour n’avoir plus de guerres,
Il faut par un ordre fatal,
Que le dernier du ſang Royal,
Par ſon trépas enſanglante vos terres.

ANTIGONE.

O Dieux ! Que vous a fait ce ſang infortuné,
Et pourquoi tout entier l’avez-vous condamné ?