Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/149

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dépens, et qu’on en donnerait la preuve dès que Sa Majesté en voudrait être informée. On eut l’impudence d’avancer, dans un de ces livres, que M. de Gondrin, archevêque de Sens, qu’on appelait l’un des apôtres du jansénisme, avait chargé, l’épée à la main, et taillé en pièces, dans une ville de son diocèse, un régiment d’Irlandais qui était au service de Sa Majesté. Tous ces ouvrages se débitaient avec privilège ; et les réponses où l’on couvrait de confusion de si ridicules calomniateurs étaient supprimées par autorité publique, et quelquefois même brûlées par la main du bourreau.

Quel moyen donc que la vérité pût parvenir aux oreilles du roi ! Le peu de gens qui auraient pu avoir assez de fermeté pour la lui dire étaient ou retirés de la cour, ou décriés eux-mêmes comme jansénistes. Et qui est-ce qui aurait pu être à couvert d’une pareille diffamation, puisqu’on a vu un pape[1], pour avoir fait écrire une lettre un peu obligeante à M. Arnauld, diffamé lui-même publiquement comme fauteur de jansénistes ?

Ainsi une des premières choses à quoi Sa Majesté se crut obligée, prenant l’administration de ses affaires après la mort du cardinal Mazarin, ce fut de délivrer son État de cette prétendue secte. Il fit donner un

  1. Innocent XI, auquel on doit ajouter Clément X.