Aller au contenu

Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de se voir, dans ces procès-verbaux, jouant, pour ainsi dire, le personnage d’une petite femmelette, pendant que les religieuses, toujours maîtresses d’elles-mêmes, lui parlaient avec une force et une dignité tout édifiante. Il fit partout des plaintes amères contre ces deux actes, qu’il traitait de libelles pleins de mensonges, et en parla au roi avec un ressentiment qui fit contre ces filles, dans l’esprit de Sa Majesté, une profonde impression qui n’est pas encore effacée. Il se flatta néanmoins qu’elles n’auraient jamais la hardiesse de lui soutenir en face les faits avancés dans ces pièces ; et il ne douta pas qu’il ne leur en fît faire une rétractation authentique. Il les fit venir à la grille, et leur tint tous les discours qu’il jugea les plus capables de les effrayer. Mais, pour toute réponse, elles se jetèrent toutes à ses pieds, et, avec une fermeté accompagnée d’une humilité profonde, lui dirent qu’il ne leur était pas possible de reconnaître pour fausses des choses qu’elles avaient vues de leurs yeux et entendues de leurs oreilles. Cette réponse si peu attendue lui causa une telle émotion qu’il lui prit un saignement de nez, ou plutôt une espèce d’hémorragie si grande, qu’en très peu de temps il remplit de sang jusqu’à trois serviettes qu’on lui passa l’une sur l’autre. Les religieuses de leur côté étaient plus mortes que vives ; et même il y en eut une, nommée sœur Jeanne-de-la-Croix, qui mourut presque subite-