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Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/61

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qui n’avaient presque d’autre occupation que de traiter les pauvres malades des environs, et d’aller dans tous les villages leur porter les remèdes et les autres soulagements nécessaires ; et depuis que ce monastère s’est vu hors d’état d’entretenir ni médecin ni chirurgien, les religieuses ne laissent pas de fournir les mêmes remèdes. Il y a au dedans du couvent une espèce d’infirmerie où les pauvres femmes du voisinage sont soignées et traitées par des sœurs dressées à cet emploi, et qui s’en acquittent avec une adresse et une charité incroyables. Au lieu de tous ces ouvrages frivoles où l’industrie de la plupart des autres religieuses s’occupe pour amuser la curiosité des personnes du siècle, on serait surpris de voir avec quelle industrie les religieuses de Port-Royal savent rassembler jusqu’aux plus petites rognures d’étoffes pour en revêtir des enfants et des femmes qui n’ont pas de quoi se couvrir, et en combien de manières leur charité les rend ingénieuses pour assister les pauvres, toutes pauvres qu’elles sont elles-mêmes. Dieu, qui les voit agir dans le secret, sait combien de fois elles ont donné, pour ainsi dire, de leur propre substance, et se sont ôté le pain des mains pour en fournir à ceux qui en manquaient ; et il sait aussi les ressources inespérées qu’elles ont plus d’une fois trouvées dans sa miséricorde, et qu’elles ont eu grand soin de tenir secrètes.