Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TRAGÉDIE. 50^

Ce prince fi long-temps par moi-même opprime.

(S N N E.

Hippplyte ? Grands Dieux î

Phèdre.

C'eft toi qui l'as nommé.

(ffi N N E.

Juftc Ciel , tout mon fang dans mes veines fe glace J O défefpoir ! O crime ! O déplorable race I Voyage infortuné 1 rivage malheureux , Falloit-il approcher de tes bords dangereux î

Phèdre. Mon mal vient de plus loin. A peine au fîls d'Egée, Sous les loix de l'hymen , je m'étois engagée , Mon repos, mon bonheur fembloit être affermi. Athènes me montra mon fuperbe ennemi. Je le vis , je rougis, je pâlis à fa vue. Un trouble s'éleva dans mon ame éperdue. Mes yeux ne voyoient plus, je ne pouvois parler. Je fcntis tout mon corps &: tranfîr &c brûler. Je reconnus Vénus & fes feux redoutables , D'un fang qu'elle pourfuit tourmens inévitables. Par des vœux aflîdus je crus les détourner. Je lui bâtis un temple , & pris foin de l'orner. De victimes moi-même à toute heure entourée , Je cherchois dans leur flanc ma raifon égarée. D'un incurable amour remèdes impuiflans ! En vain fur les autels ma main brûloit l'encens. Quand ma bouche imploroit le nom de la déclic , J'adorois Hippolyte ; & , le voyant fans celle j Même au pied des autels que je faifois fumer , J'oftrois tout à ce Dieu que je n'ofois nommer. Je l'évitois par-tout. O comble de mifère ! Mes yeux le retrouvoient dans les traits de fon père. Contre moi-même enfin j'ofai me révolter. J'excitai mon courage â le perfécuter. Pour bannir l'ennemi dont j'ctois idolâtre , J'aâc^tai ks chagrins d'une injuile marâtre.

�� �