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348 PHEDRE,

xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxx A C T E V.

SCENE PREMIERE.

HIPPOLYTE, ARICIE, ISMENE.

A R I c I E.

\^ uoi , vous pouvez vous taire en ce péril excrême î

Vous laillez dans l'erreur un père qui vous aime i

Cruel , fi, de mes pleurs méprifant le pouvoir >

Vous confentez fans peine à ne me plus revoir ,

Partez , féparez-vous de la trifte Aricie,

Mais du moins, en partant , aflurez votre vie.

Défendez votre honneur d'un reproche honteux ,

Et forcez votre père à révoquer les vœux.

Il en ell temps encor. Pourquoi ! Par quel caprice

Laillez-vous le champ libre à votre accufatrice i

Eclaircillèz Théfée.

HiPPOLYTE.

Hé, que n'ai-je point dit ? Ai-je dû mettre au jour l'opprobre de fou lit î Devois-je, en lui faifant un récit trop fincère , D'une indigne rougeur couvrir le front d'un père î Vous feule avez percé ce myftère odieux. Mon cœur, pour s'épancher, n'a que vous & les dieux. Je n'ai pu vous cacher , jugez fî je vous aime , Tout ce que je voulois me cacher à moi-même. Mais fongez fous quel fceau je vous l'ai révélé. Oubliez , s'il fe peut, que je vous ai parlé , Madame ; & que jamais une bouche fî pure Ne s'ouvre pour conter cette horrible aventure. Sur l'équité des dieux ofons nous confier : Ils ont trop d'intérêt à me jullifier ; Et Phèdre , toc ou tard , de fon crime punie , N'en fauroit éviter la jufte ignominie.

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