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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/231

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les perfonnes nu'ils repréfentent , c'eft-à-dire, à rendre femblables à leurs héros ceux qui doivent regarder Jésus -Christ comme leur modèle, & fe rendre femblables à lut. Si ce n'eft là tout le contraire de l'E- vangile , j'avoue que je ne m'y connois pas ; & il faut entendre la religion, comme Defmarêts entend l'A- pocalypfe , pour trouver mauvais qu'un théologien , étant obligé de parler fur cette matière , appelle ces gens-là des empoifonneurs publics , & tâche de donner aux chrétiens de l'horieur pour leurs ouvrages.

Mais bien loin que cela les ofFenfe , n'y trouvent-ils pas même quelque chofe qui les flatte ? Et n'eft-ce pas les louer félon leur goût , que de leur reprocher de faire ce qu'ils prétendent ? Les injures n'oftènfent que lorfqu'elles nous cxpofent aux mépris, ou des autres , ou de nous-mêmes. Or perfonne ne croit qu'on ait droit de le méprifer , ni de fe méprifer foi-même , pour pé- cher contre les règles contraires à celle qu'il s'ell pro- pofé de fuivre. Ainfî nous voyons que ceux qui cher- chent à s'aggrandir dans le monde, ne s'ofFenfent point des injures que leur difent les philofophes contempla- tifs qui prêchent la vie retirée ; ils les regardent dans un ordre dont ils ne font pas, & où l'on juge autrtmeni des chofes.

Voilà donc les bons poètes hors d'intérêt. Les au- tres devroient prendre peu de part à cette injure 5 car ils ri'empoîfoiinent guère ; i's ne font coupables que par l'intention. Cependant ils murmurent par un fecrct dépit de voir qu'ils n'ont part qu'à la malédiûion du péché, & qu'ils n'en recueillent point le fiuic. On les reconnoîr par-là; &: je crois qu'on peut prefque établir pour régie , que , dès qu'on en voit quelqu'un qui fait ces fortes de plaintes, on peut lire fes ouvrages en sû- reté de confcience.

Que s'il y a quelque gloire à bien faire des comé- dies & des romans , comme il y en peut avoir , en met- tant le chriftianifme à part , & à ne confidérer que cette malheureufe gloire que les hommes reçoivent les

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