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DIVERSES. 15^

SECONDE LETTRE.

DE M- RACINE.

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REPLI QUE aux deux Réponfes précédentes,

. J E pourrois, Meffieurs, vous faire le même compli- ment que vous me faices ; je pourrois vous dire qu'on vous fait beaucoup d'honneur de vous répondre : mais j'ai une plus haute idée de tout ce qui fort de Port- Royal, & je me tiens au contraire fort honoré d'entre- tenir quelque commerce avec ceux qui approchent de fi grands hommes. Toute la grâce que je vous demande , c'eft qu'il me foit permis de vous répondre en même temps à tous deux ; car , quoique vos lettres foicnc écrites d'une manière bien diiférente , il fuiïit que vous combattiez pour la même caufe; je n'ai point d'égard à l'inégalité de vos humeurs, & je fsrois confcicnce de réparer deux Janfénilles. Auffi-bien je vois que vous me reprochez à-peu-près les mêmes crimes ; toute la différence qu'il y a, c'eft que l'un me les reproche avec chagrin , èc tâche par-tout d'émouvoir la pitié & l'in- dignation de fes lefteurs , au lieu que l'autre s'eft char- gé de les réjouir. Il eft vrai que vous n'êtes pas venus à bout de votre deflèin ; le monde vous a lailfé rire & pleurer tous feuls. Mais le monde eft d'une étrange humeur ; il ne vous rend point juftice : pour moi , qui fais profeffion de vous la rendre , je vous puis alTùrcr au moins que le mélancolique m'a fait rire , & que le plaifant m'a fait pitié. Ce n'eft pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre par- tage ; il prend quelquefois envie au plaifant de fe fâcher , & au mélancolique de s'égayer : car , fans compter la manière ingénîeufe dont il nous peint

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