Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/114

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prières de sœur Olivia et de son amie, adressant à Elena un adieu qui ne devait pas, croyait-il, les séparer pour longtemps. Il se rendit au parloir de l’abbesse. Il n’était pas sans quelque espoir d’éveiller chez elle des idées de justice et d’humanité ; mais il reconnut bientôt à quelle femme il avait affaire. L’orgueil froissé de la supérieure, d’accord avec ses principes rigides, étouffait dans son cœur tout autre sentiment. Elle commença son sermon en exprimant l’amitié qui la liait depuis longtemps à la marquise et le regret de voir le fils d’une personne si estimable oublier ses devoirs et l’honneur de son nom jusqu’à vouloir s’allier à une fille de si basse extraction. Et elle conclut par une sévère réprimande sur la hardiesse qu’il avait eue de troubler la paix d’une maison religieuse et d’apporter le scandale jusqu’au pied du sanctuaire.

Vivaldi eut la patience d’écouter jusqu’au bout ces considérations morales sortant de la bouche d’une femme qui, en ce moment même, violait les lois les plus sacrées de la justice, en séquestrant une orpheline qu’elle condamnait de son autorité privée à une éternelle réclusion. Mais quand l’abbesse en vint à parler d’Elena comme d’une criminelle qui, en se refusant aux vœux qu’on lui demandait, avait encouru un châtiment sévère, le jeune homme ne fut plus maître de lui et ne cacha à la prétendue sainte femme ni son mépris ni son indignation. À cette sortie imprudente, elle répondit par des menaces. Vivaldi, en la quittant, crut trouver un secours dans l’abbé dignitaire, supérieur dont le crédit, sinon l’autorité, pourrait adoucir la rigueur de l’abbesse.