Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fut pas altérée ; il raffermit sa démarche et adoucit l’éclat perçant de ses yeux noirs.

— Mon père, dit la marquise en l’abordant, je ne puis goûter un moment de repos. L’image de ce fils ingrat m’obsède nuit et jour ; je ne trouve de soulagement que dans mes entretiens avec vous, mon unique conseil et mon seul ami désintéressé.

Le confesseur s’inclina.

— Pourtant, dit-il d’un air humble, M. le marquis est aussi affecté que vous de cet événement. N’est-ce pas lui plutôt que moi qu’il serait convenable de consulter sur un sujet si délicat ?

— Ah ! mon père, vous savez que le marquis est rempli de préjugés. C’est un homme sensé, mais qui se trompe quelquefois et qui ne revient jamais d’une erreur. S’il s’agit d’adopter un plan qui s’écarte quelque peu des règles de morale commune dont il a reçu les principes dans son enfance, il résiste sans distinguer les circonstances qui rendent la même action vertueuse ou criminelle. Je n’ose donc pas le consulter, de peur d’une objection qui nous arrêterait. Aussi ce que nous disons là doit-il rester entre nous, mon père. Je compte sur votre discrétion.

— Ah ! madame, comme sur le secret de la confession.

La marquise reprit en hésitant :

— À vrai dire, je ne sais par quel moyen on pourrait être délivré de cette créature. Voilà bien ce qui me tourmente.

— Ma fille, dit Schedoni, se relâchant un peu de sa réserve, est-il possible que le courage q