Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/157

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disiez tout à l’heure qu’on ne pouvait se fier à un mercenaire.

— Ma fille, on peut se fier à celui-là, dans le cas où il se trouve. J’ai mes raisons pour penser ainsi.

— Mais… quelles raisons, mon père ?

Schedoni garda le silence. Mais tout à coup sa physionomie prit un caractère étrange. Ses traits, plus sombres que de coutume, se contractèrent comme décomposés par une passion farouche. La marquise, frappée de leur expression, regretta un moment de s’être confiée à lui ; mais il n’était plus temps de revenir en arrière. Elle lui demanda de nouveau quelles raisons il avait pour se montrer si sûr de l’homme dont il parlait.

— Que vous importe, dit Schedoni d’une voix étouffée, pourvu que vous soyez délivrée de celle qui vous abreuve de tourments et d’humiliations.

Ils retombèrent dans le silence. La marquise le rompit la première.

— Mon père, dit-elle, je me repose entièrement sur votre justice. Mais, je vous en conjure, pressez-vous, car l’attente est pour moi un purgatoire anticipé. Vous parliez d’un endroit sur la côte de l’Adriatique… Vous disiez que dans une chambre de cette maison…

— Dans cette chambre, répondit le confesseur, il y a une porte secrète pratiquée depuis longtemps…

— À quelles fins ? demanda la marquise.

— Qu’il vous suffise de savoir, reprit le moine, qu’il y a une porte dont nous saurons faire usage.