Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/166

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insulter un officier de la Sainte Inquisition ? Ce religieux peut vous instruire, jeune homme, des dangers que l’on court en résistant à nos ordres.

Vivaldi allait répliquer, le prêtre le retint.

— Si vous êtes réellement des officiers de ce redoutable tribunal, dit-il, donnez-en la preuve. Rappelez-vous que cette enceinte est sacrée ; et ne croyez pas que je sois homme à vous livrer des personnes qui ont trouvé ici un asile, si vous n’êtes pas porteurs d’un pouvoir en bonne et due forme émané du Saint-Office.

— Le voici, répliqua l’officier en tirant un rouleau de sa poche.

Le bénédictin tressaillit à la vue du rouleau. Il le prit et l’examina avec attention : le parchemin, le sceau, la formule, certaines marques connues seulement des initiés, tout certifiait l’authenticité de décret d’arrestation.

Le papier tomba de ses mains et, se tournant vers Vivaldi :

— Malheureux ! s’écria-t-il, c’est donc vrai ! Vous êtes appelé devant ce redoutable tribunal pour répondre d’un crime, et peu s’en est fallu que moi-même je ne me sois rendu coupable d’un grand délit.

Vivaldi, stupéfait, était comme frappé de la foudre.

— Un crime ! murmura-t-il. Voilà une imposture bien hardie ! Quel crime ai-je donc commis ?

— Ah ! reprit le vieux prêtre, je ne pensais pas que vous fussiez aussi endurci dans le mal. Prenez garde, n’ajoutez pas l’audace du mensonge à des passions condamnables ! Votre crime, dites-vous ? Ah ! vous le connaissez trop bien !

— Vous aussi vous m’accusez ! Ah ! votre âge et votre état vous protègent ; mais ces scélérats qui