Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/210

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— Tenez, mon père, j’ai trouvé cette arme dans ma chambre la nuit dernière.

— Ce poignard ? balbutia Schedoni, en affectant une extrême surprise.

— Examinez-le, je vous prie, continua-t-elle. Savez-vous à qui il appartient et qui l’a apporté ici ?

— Quoi ! Que voulez-vous dire ? s’écria le moine, près de se trahir.

— Savez-vous, mon père, quel usage on en voulait faire ?

Hors d’état de répondre, Schedoni saisit le poignard et le jeta violemment à l’autre bout de la chambre.

— Oui, s’écria Elena, je vois que vous savez tout ! Moi aussi, mon père, j’ai deviné la vérité !

— Quoi, malheureuse enfant ! Qu’as-tu deviné ? demanda-t-il avec un trouble à peine réprimé. Parle enfin ! Que sais-tu ?

— Tout ce que je vous dois, répondit-elle simplement. Je sais que la nuit dernière, pendant que je dormais, un assassin est entré dans ma chambre, un poignard à la main, et que…

Un gémissement étouffé interrompit Elena, et la peur la saisit quand elle vit la figure livide et contractée du moine ; mais, attribuant ce trouble extrême à l’horreur que lui inspirait le crime, elle reprit :

— Pourquoi me cacher le danger que j’ai couru, puisque vous m’en avez préservée ? Ah ! mon père, ne me privez pas du plaisir de répandre ces larmes de reconnaissance et ne vous dérobez pas aux actions de grâces qui vous sont dues ! Quand je dormais là,